Histoires Perdues

Trahison croisée

— Qu’est-ce que vous faites ?!

Les trois filles venaient de se faire prendre la main dans le sac. La bibliothèque d’Aloès était à moitié renversée et l’une de trois tenaient un carnet de dessin à la main.

Aloès les regardait avec surprise, tandis que Boue s’énervait à sa place. De toute façon, pouvait-on réellement attendre d’Aloès qu’elle s’énerva ?

Boue arracha donc le carnet des mains de la voleuse en s’exprimant d’un ton sec :

— Ça ne vous appartient pas. Qu’est-ce que vous pensez faire ?

La voleuse, encadrée de ses acolytes, s’écria alors avec colère :

— Elle ne le mérite pas ! Après ce qu’elle a fait, elle ne le mérite pas !

— C’est pas à toi de le décider. Partez d’ici avant que j’appelle la police.

— Non.

Boue lança un regard incrédule à Aloès. Comment ça non ?

Aloès reprit le carnet et le tendit à la voleuse.

— C’est elle qui a raison. Je ne le mérite pas.

Le choc se fit dans la pièce mais les trois intruses se reprirent bien vite et partirent avec leur butin.

Le temps passa, laissant penser que cette histoire était oubliée. Un jour pourtant, Caillou entra dans le salon, bouleversée. Caillou ne venait jamais. Iels ne l’aimaient plus après tout, elle était persona non grata. Iels considéraient qu’elle n’était qu’une raclure sans cœur aussi dur que la pierre. Alors la voir dans leur salon, c’était impressionnant. Encore plus si elle était bouleversée. Elle n’affichait que le marbre de son visage quand iels avaient le malheur de se croiser. La tempête d’émotions négatives était violente à observer.

Elle se planta devant Aloès, qui nota qu’elle tenait un carnet à la main. « Son » carnet. Livide, Caillou le lui jeta à la figure. Avec violence.

— Hey !

C’était Créatrice qui s’était emportée et levée, prête à en découdre avec cette créature violente. Mais elle se retrouva privée de parole et propulsée dans le sièges qu’elle venait de quitter, incapable de se relever.

Il était normalement interdit d’utiliser ses pouvoirs contre un des membres de la communauté, mais à quoi d’autre s’attendre de la part de Caillou. Corrompue par le pouvoir, elle n’était plus qu’un déchet égoïste.

Elle leva un doigt accusateur en direction d’Aloès, qui avait récupéré le carnet, hébétée. Sa bouche s’ouvrit comme si elle voulait parler. Elle la referma et fit demi-tour pour ressortir.

Elle était presque à la porte quand elle s’arrêta de nouveau et se retourna.

— C’est qui ta prochaine cible ? Créatrice ? Boue ? Maison ? D’autres ? C’est qui la prochaine cible à jarter de ta vie en s’assurer qu’elle te méprise à la fin ?

Elle fit une pause mais l’assemblée était trop abasourdie pour parler.

— Ta solitude n’a rien à voir avec le destin. Par contre, c’est ton avenir. Tu le construis toute seule comme une grande, aucune force extérieure n’y est pour quoi que ce soit.

Et elle quitta la pièce comme elle y était entrée, telle une tempête. Le sons de ses pleurs hantant les lieux pour quelques minutes supplémentaires.

Quelles seraient les réactions ? Qui pouvait le savoir ? Certainement lui donnerait-on tort. Et c’était probablement pour le mieux. Qui voudrait abandonner une amie ainsi ? Caillou s’était isolée toute seule, en devenant ce qu’iels exécraient tous. Ce qu’elle-même exécrait autrefois. Aloès, elle, serait protégée et aimée.

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